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Raja, militant palestinien. Trajectoire d’un engagement en Cisjordanie

par Léa Gudel
15 décembre 2025
in Analyses
Reading Time: 13 mins read

Par Léa Gudel, doctorante EHESS/CéSor, boursière AMI IFPO Territoires Palestiniens.

À partir d’enquêtes de terrain en Cisjordanie menées en 2019, 2024 et 2025, cet article propose le portrait idéal-typique et fictif d’un activiste palestinien. Son parcours – de l’Intifada à l’ONGisation, puis à la réappropriation d’un agir associatif local – révèle les tensions traversant l’engagement palestinien contemporain. À travers ce récit composite, il s’agit d’interroger les effets des bailleurs internationaux, des divisions politiques et de l’occupation sur les formes d’action collective.

Activité de plantation d’oliviers avec l’association de Raja - Palestine, 17/02/2019.

Liminaire : Dans la mesure où l’enquête de terrain portant sur ces structures est en cours, et étant donné le contexte actuel de guerre totale menée contre les Palestinien·nes, cet article ne mentionnera aucune information permettant l’identification des personnes et des structures auxquelles il s’intéresse. Raja porte un nom d’emprunt, il est voulu mixte dans la mesure où il ne sera pas indiqué s’iel est un Palestinien ou une Palestinienne. Néanmoins, et pour des raisons de lisibilité uniquement, l’article qui suit est écrit au masculin universel.

Jeunesse et politisation

Raja, Palestinien fictif quadragénaire, vit dans un village de Cisjordanie où il est né et a grandi. Il porte, comme nombre de Palestiniens, le poids du déplacement forcé de sa famille. Enfant lors de la première Intifada en 1987, il parle aujourd’hui avec nostalgie et admiration de la façon dont son village s’est organisé pour faire face aux blocages, couvre-feux, fermetures d’écoles et incursions de l’armée israélienne. Selon lui, chacun avait un rôle à jouer, et c’est dans ces images de résistance collective et d’entraide qu’il fonde son engagement associatif actuel.

Lycéen dans les années 1990, Raja rejoint une organisation de jeunesse affiliée au Fatah. Puis, il entre en licence de sciences sociales dans une université palestinienne après la signature des Accords d’Oslo, et y expérimente l’extrême division politique partisane qui en découle. Rapidement, les étudiants ne s’identifient plus comme Palestiniens, mais s’invectivent comme Fatah, FPLP, Hamas, s’accusant de traitrise ou d’idéalisme : « Il y avait beaucoup plus d’efforts mis à agir pour le parti que pour la Palestine. Lorsque j’ai quitté [le Fatah], je disais que j’étais devenu palestinien. Parce que je ne veux pas me battre contre le Hamas, le FPLP, le Fatah, [ou] le parti communiste. Mon combat n’est pas contre un Palestinien ». Ces divisions font pour lui le jeu de l’occupant israélien qui « observe de son mirador les [Palestiniens] se déchirer dans leur prison ».

Raja assiste alors au glissement répressif de l’Autorité Palestinienne (AP) envers les opposants au processus d’Oslo – et plus largement au Fatah –, ce qui renforce son sentiment d’absurdité et de perte de sens. Il quitte son groupe au début des années 2000 et abandonne toute affiliation politique partisane.

Retour critique sur son expérience professionnelle en ONG

La période suivant la signature des Accords d’Oslo est aussi celle de la création de nombreuses ONG palestiniennes et internationales, venant s’ajouter à celles existantes qui avaient été un soutien non négligeable aux comités populaires de la première Intifada. À sa sortie de l’université, Raja commence à travailler au sein de plusieurs d’entre elles. Pendant une dizaine d’années, il enchaîne les contrats courts pour des projets à durée limitée (protection de terres palestiniennes, aide aux réfugiés palestiniens, organisation d’activités pour les jeunes) menés par différentes ONG, le plus souvent financées par des bailleurs occidentaux comme l’UE ou l’USAID.

Raja fait un bilan très mitigé de son engagement au sein de ces organisations.
Tout d’abord, cette multiplication de projets de court terme ne permet que des contrats temporaires, provoquant ainsi un sentiment d’instabilité et d’incertitude, renforcé par le caractère incertain de financements internationaux suspendus à des considérations politiques. Raja en prend conscience dès 2006, lorsque l’UE décide de geler complètement l’aide financière en direction de l’AP après les élections législatives ayant porté démocratiquement le Hamas au pouvoir – des gels de financements que l’on observera du côté de l’USAID en 2018 et en 2025.

Raja dénonce également des projets déconnectés des besoins exprimés par la population palestinienne, axés sur le développement et la bonne gouvernance. Des chercheurs comme Sbeih Sbeih ou Sari Hanafi et Linda Tabar lient cela à l’injection massive de fonds internationaux destinés à l’AP, dans une optique de construction étatique et de consolidation du processus de paix, à partir d’Oslo. Voyant là une concurrence pour l’accès au financement, une grande partie des ONG ont adopté le langage des bailleurs, et se sont restructurées (via des processus de spécialisation, rationalisation et institutionnalisation). Elles se positionnent alors en tant que médiateurs neutres, dans une conception développementaliste actant que la situation relèverait désormais du postconflit, en occultant ses causes fondamentales et persistantes – à savoir l’entreprise de colonisation de peuplement et l’occupation israéliennes.

Ce constat est d’autant plus flagrant lors de la Seconde Intifada, qui lève le voile sur le décalage entre la situation sur le terrain (intensification de la prédation coloniale), et l’approche développementaliste des ONG. Leur position neutre et apolitique et leur manque d’accompagnement de ce second soulèvement ont porté un sérieux coup à leur crédibilité localement.

« Les militants captés dans ces ONG, notamment par l’opportunité financière et professionnelle qu’elles représentent, finissent par pratiquer un activisme de bureau « qui pense que la Palestine ouvre à 8h le matin, ferme à 15h30, que l’occupation israélienne a des week-ends de 2 jours. […] Pour pouvoir manifester, il faut en avoir les moyens, et ceux qui les ont se rendent dans les bureaux, pas dans la rue ». »

Raja évoque ensuite une forme de « classification sociale » au sein de la société palestinienne, entre les employés d’ONG et le reste de la population. Les personnes susceptibles de travailler dans ce secteur sont « généralement hautement qualifiées, parlent deux ou trois langues – beaucoup de Palestiniens n’ont pas les moyens ni le temps nécessaire pour pouvoir le faire », ce qui tend à accentuer des différences déjà présentes au sein de la société palestinienne.

Rema Hammami et Caroline Abu Sada rejoignent son observation sur la transformation sociologique du secteur associatif palestinien depuis les Accords d’Oslo. De plus, les salaires généralement supérieurs à d’autres secteurs accentuent ce phénomène de fragmentation sociale, particulièrement lors de la Seconde Intifada (forte hausse du taux de chômage due aux bouclages des territoires occupés).

Si Raja a connu dans sa jeunesse un activisme articulé autour de formes de solidarité locale et d’entraide entre Palestiniens, il observe une transformation de la société palestinienne et du militantisme. D’une part, les militants captés dans ces ONG, notamment par l’opportunité financière et professionnelle qu’elles représentent, finissent par pratiquer un activisme de bureau « qui pense que la Palestine ouvre à 8h le matin, ferme à 15h30, que l’occupation israélienne a des week-ends de 2 jours. […] Pour pouvoir manifester, il faut en avoir les moyens, et ceux qui les ont se rendent dans les bureaux, pas dans la rue ». Les chercheurs Yaser Alashqar et Ala Tartir soutiennent que c’est le cadre néo-libéral et développementaliste des bailleurs internationaux qui a progressivement transformé les ONG en institutions bureaucratiques et apolitiques, et les anciens militants en salariés prestataires de services.

D’autre part, Raja regrette que les bénéficiaires de ces ONG soient transformés en une masse indifférenciée de « mendiants » mis en compétition. Dès lors, « le lien social authentique, qui existait pré-1995, entre toi et la personne à laquelle tu fournis un service est devenu un lien bureaucratique. Et toi, en tant que victime de l’oppression israélienne, tu dois prouver que tu es plus dans le besoin qu’un autre Palestinien [pour bénéficier d’un service] ». Selon ses termes, cela a fracturé le lien social au sein de la société palestinienne, et a « réduit la valeur de la ressource la plus importante dont nous disposons, qui n’est pas la ressource financière, mais la ressource humaine ».

« Une personne arrêtée pour jets de pierre lors de la première Intifada ne peut pas être engagée 20 ans plus tard dans une ONG, et si elle mène actuellement une initiative dans sa communauté, une ONG ne peut pas officiellement travailler avec elle dans le cadre du financement spécifique dont l’ONG bénéficie. »

Enfin, Raja parle des conditions imposées par les bailleurs de fonds afin de prétendre à l’aide financière : « Si tu veux travailler pour l’USAID, tu dois signer l’Anti-Terror Certificate, [qui] accuse tout type de résistance. Par exemple, tu n’es pas autorisé à travailler dans une école qui porte le nom d’un martyr. Tes bénéficiaires ne sont pas autorisés à être apparentés à des personnes qui travaillent contre l’occupation. Brandir un drapeau palestinien dans une école de l’UNRWA, en tant qu’enseignant, te vaudrait d’être expulsé. [Aborder] des sujets politiques en dehors du programme scolaire, t’exposerait à un interrogatoire. Tu dois être apolitique, tu ne peux pas aller à une manifestation si tu travailles avec l’ONU ».

L’ATC, créé au début des années 2000 par l’USAID, est un contrat dont la signature (par les structures demandeuses et leurs employés) est une condition préalable à l’obtention des fonds. D’autres grands bailleurs, comme l’UE, ont adopté un contrat similaire autour de 2019. En parallèle, les bailleurs ont mis en place plusieurs pratiques leur permettant de ficher toute personne évoluant dans le cercle des ONG qu’ils financent. Le screening et le vetting consistent à soumettre à un bailleur une liste précise de tous les membres et bénéficiaires d’un projet ainsi que leurs antécédents, lui permettant de valider ou non son don. Raja pointe le caractère rétrospectif de ces conditions : « une personne arrêtée pour jets de pierre lors de la première Intifada, ne peut pas être engagée 20 ans plus tard dans une ONG, [et] si elle mène actuellement une initiative dans sa communauté, tu ne peux pas officiellement travailler avec elle dans le cadre du financement spécifique [dont tu bénéficies] ». Le gouvernement israélien a adopté en mars 2025 une série de mesures complexifiant plus encore le travail, voire l’existence, de ces ONG et de leurs employés.

Prise de distance et création de son association

À mesure de ces constats, et des désillusions qui en ont résulté pour lui, Raja décide autour de 2010 de cesser de travailler pour ces ONG.

Avec d’autres Palestiniens rencontrés au sein d’ONG, au parcours similaire et partageant les mêmes déceptions, ils ont conclu à la nécessité de se réapproprier l’action associative à leur échelle, selon leurs propres conditions et narratifs basés sur un idéal d’activisme antérieur à 1993. Ils identifient alors plusieurs objectifs et créent au début des années 2010 une structure associative indépendante pour y répondre.

Le premier objectif, tourné vers l’extérieur, est de visibiliser le quotidien des Palestiniens sous occupation et de mieux informer les visiteurs étrangers sur les multiples formes que prennent l’occupation et la colonisation. Ils constatent souvent un manque de compréhension de la réalité palestinienne, tant chez les touristes que chez certains employés occidentaux d’ONG, en raison d’un déficit d’information et d’un secteur touristique dominé par les tours israéliens. 

Leur association organise alors des tours politiques en Cisjordanie, proposant sur plusieurs jours des présentations historiques et des rencontres avec des Palestiniens (individus, commerces, associations). Elle encourage un tourisme palestino-orienté, et n’a donc recours qu’à des services (transport, hébergement, restaurants, boutiques) palestiniens, afin de contrebalancer le narratif et le secteur touristique israéliens et d’encourager l’économie locale. Ils ont également développé divers outils – guide, carte, application, webinaires – afin d’ancrer leur travail.

Le deuxième objectif, plus interne à la société palestinienne, découle de la forte fragmentation des territoires et de la diversité des expériences quotidiennes de l’occupation. Selon Raja, d’une localité à l’autre, les Palestiniens et les structures associatives ne vivent pas les mêmes formes de coercition liées à la colonisation et l’occupation, et sont ainsi divisées en microcosmes isolés où chacun reste enfermé dans sa propre réalité.

Si beaucoup subissent des formes similaires d’oppression – démolitions, restrictions de mouvement, arrestations, confiscations – les impacts varient d’un lieu à l’autre, comme la présence ou non du mur ou les attaques de colons. « La stratégie de l’occupation c’est : « on va vous maintenir occupés avec nos tactiques, nos mesures coercitives, nos persécutions, confinés dans votre propre lutte interne à votre communauté, et vous rendre incapables de coopérer à l’échelle de toute la ville » », – ce que Raja identifie comme une « fragmentation de l’oppression ».

Face à cela, ses collègues et lui identifient la nécessité d’un espace commun de veille et de coordination, afin de réfléchir à « comment créer un espace qui puisse rassembler les informations à l’échelle de la ville […] et comment on peut élaborer des stratégies avec les communautés pour faire face à cette réalité ». Concrètement, cela passe par des réunions régulières avec habitants et associations, un travail de recherche et de publication, ainsi que des actions d’entraide, comme aider à reconstruire une maison, ou récolter des olives lorsque des familles en sont empêchées ou harcelées par des colons.

Le troisième objectif identifié est la création d’un espace communautaire dans leur village, d’abord pour les jeunes puis pour les femmes. Constatant l’absence de lieux sûrs et d’activités pour la jeunesse dans un contexte d’occupation et de colonisation croissante, leur association accueille quotidiennement les enfants pour diverses activités artistiques, sportives et éducatives, leur apportant ainsi une bulle d’enfance et de protection. Rapidement, ils ont élargi leur action aux mères et femmes du village, en commençant par un petit groupe de voisines invitées à participer à un atelier de cuisine et en développant aujourd’hui des ateliers professionnels et de création artisanale, des cours de langue et des espaces d’échange.

La question de se financer autrement

L’un des griefs de Raja contre les ONG financées par les bailleurs était justement la question des impacts politiques et sociaux de leur dépendance à l’aide internationale. Raja et ses collègues ont donc voulu que leur association en soit indépendante. Si cela s’est avéré très difficile au début, et l’est encore par période – notamment depuis 2023 –, il détaille la construction d’un modèle de génération de revenus pour leur structure associative, basé sur la vente de services, de biens, et certains dons solidaires.

Tout d’abord, la vente de leurs tours politiques, outils, et artisanat leur permet un revenu oscillant au gré des vagues de tourisme.

Par ailleurs, la plupart du mobilier et du matériel (ex. informatique) dont Raja et ses collègues font l’usage sont issus de dons des habitants de leur village. Bien implantés au sein de leur localité, ils ont pu récolter de nombreux objets de seconde main ainsi que quelques dons financiers symboliques. Ils organisent aussi des collectes de vêtements, dont ils revendent une partie, et distribuent le reste à des villages ou camps plus précarisés.

« L’un des griefs de Raja contre les ONG financées par les bailleurs était justement la question des impacts politiques et sociaux de leur dépendance à l’aide internationale. Raja et ses collègues ont donc voulu que leur association en soit indépendante. »

Si l’association refuse les dons accordés sous conditions (telles que décrites plus haut), elle accepte en revanche des dons identifiés comme amis et surtout non-conditionnés. Ils peuvent provenir de la localité dans laquelle elle est implantée, mais également de la diaspora, ou de donateurs solidaires, que la politologue américaine Melanie Meinzer décrit comme se démarquant des grands bailleurs par leur petite taille, leur perspective critique en matière de développement, la longue durée de leurs contrats avec leurs récipiendaires, et l’écoute, sans condition, des priorités de ces derniers.

Après le covid, et depuis l’amplification du génocide, une dynamique de plus collective

Depuis une quinzaine d’années, pour tenter de s’émanciper davantage de l’aide internationale conditionnée, Raja et ses collègues développent des liens avec d’autres associations autour d’eux partageant une vision similaire. Ils échangent sur les stratégies d’autonomie financière, les difficultés liées au refus de se plier aux conditions des bailleurs et les moyens locaux de générer des revenus, tout en leur transmettant leur savoir-faire. Si ces échanges restaient d’abord limités à quelques associations proches, une dynamique plus large semble se structurer à l’échelle du champ associatif palestinien.

Depuis la pandémie de Covid-19 et plus encore depuis le déclenchement de la guerre génocidaire d’octobre 2023, des dizaines d’associations palestiniennes confrontées à l’aggravation dramatique des conditions de vie quotidiennes se regroupent en collectifs. Ceux-ci documentent les mécanismes de domination inhérents à l’aide internationale conditionnée, mutualisent leurs ressources matérielles et financières, et soutiennent celles qui rompent avec leurs bailleurs. Cette dynamique inter-associative vise à élaborer des alternatives systémiques fondées sur la solidarité locale, la mise en réseau d’acteurs et une circulation horizontale des savoirs. À cette échelle, l’enjeu dépasse l’accompagnement individuel pour devenir un véritable projet de transformation du champ associatif palestinien, cherchant à contrer la fragmentation territoriale et à encourager toute organisation grassroots à rejoindre ce processus d’indépendantisation, tout en redonnant une place centrale au tissu social dont Raja déplorait la mise de côté plus tôt.

Il est pour l’heure difficile de connaître le nombre exact de structures associatives et d’initiatives collectives partageant cette approche aujourd’hui en Palestine. Néanmoins, la pluralité des parcours composant le portrait de Raja indique que de démobilisations en réengagements, cette dynamique ne cesse de croître. Le travail de terrain mené actuellement en Cisjordanie (Jérusalem-Est comprise), permet d’affirmer l’existence de formes et de modalités d’action diverses dans chacun des régimes d’occupation déterminés lors d’Oslo, et l’un des enjeux de cette recherche sera justement d’interroger cette variété.

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