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La théologie de la libération palestinienne franchira-t-elle le Jourdain ?

par Antoine Meyer
1 décembre 2025
in Analyses
Reading Time: 11 mins read

Par Antoine Meyer, diplômé d’un master en Sciences des Religions et Sociétés de l’Université Bordeaux-Montaigne.

Depuis la campagne génocidaire contre la bande de Gaza, tant le phénomène du sionisme chrétien que celui moins connu de la théologie de la libération palestinienne ont attiré l’attention de médias indépendants. Alors qu’ils sont généralement abordés dans leurs régions de production et d’influence, les États-Unis et Palestine-Israël, quelle est leur dynamique chez le voisin d’outre-Jourdain, peuplé en grand partie de Palestiniens ? L’article présente quelques données collectées lors d’une enquête ethnographique menée en Jordanie au printemps 2025 dans le cadre d’un master en sociologie des religions.

Des jordaniens chrétiens célèbrent la messe dans une église à Fuheis. Crédits : Mazur/catholicnews.org.uk

En réaction à l’influence grandissante du sionisme chrétien, mais aussi au désespoir et à l’humiliation des chrétiens en Palestine-Israël, plusieurs théologiens palestiniens de diverses confessions chrétiennes ont progressivement élaboré depuis la fin des années 1980 leur version palestinienne d’une théologie de la libération. Parmi ses fondateurs les plus visibles sont les pasteurs Naïm Ateek (anglican) et Mitri Raheb (luthérien), mais aussi l’ancien patriarche de l’Église catholique romaine à Jérusalem, Mgr Michel Sabbah. Portée par diverses organisations œcuméniques basées autour de Jérusalem et Bethléem (Al-Liqa, Sabeel, Kairos), ce courant théologique est au cœur d’un mouvement partiellement institutionnalisé qui vise d’une part à encourager et faire connaître la résistance pacifique des Palestiniens, mais aussi à dénoncer le sionisme chrétien qu’il voit comme une trahison de l’Évangile au service d’un projet colonial. Les documents publiés par Kairos-Palestine nomment successivement l’occupation israélienne (2009), puis le génocide (2025) comme des péchés contre Dieu.

Trop loin ou trop proche ? Les raisons d’une faible diffusion

La petite communauté chrétienne de Jordanie qui constitue entre 2 et 4 % de la population (entre 200 et 400 mille personnes) se trouve, à l’image de l’ensemble de la population du pays, liée pour moitié à une ascendance palestinienne. Comme dans les Territoires palestiniens occupés, le poids politique et socio-économique des chrétiens est supérieur à leur poids démographique. Malgré ces nombreuses similitudes, voire la continuité entre les deux communautés, le regard des pionniers du mouvement étudié ne s’est pas tourné vers la Jordanie. Deux ténors des théologies palestiniennes que j’ai pu rencontrer, l’évêque Jamal Khader et le pasteur Mitri Raheb s’accordent pour dire qu’il n’y pas eu d’initiative particulière pour chercher le soutien des chrétiens en Jordanie. Raheb précise : « [Au départ] le monde arabe n’était pas considéré comme essentiel. Nous ne ressentions pas qu’il y avait ici [en Jordanie] un problème auquel il fallait répondre. Le problème était local [palestinien], car de nombreux chrétiens avaient du mal à comprendre la Bible, Israël, la Terre promise, le peuple élu… Mais aussi occidental, puisque le monde occidental a adopté une position unilatérale en soutenant Israël. Ce sont donc ces deux contextes – principalement – sur lesquels nous nous concentrions » (Entretien avec M. Raheb, Amman, mai 2025).

Les militants actifs dans le mouvement de théologie de la libération palestinienne ne représentent, en Palestine-Israël et en Occident, qu’une petite minorité de théologiens, clercs et laïcs engagés. Ils s’expriment dans des organisations œcuméniques, plus qu’au sein de leurs Églises. En Jordanie, l’étude montre que pour qu’une personne s’intéresse à la théologie de la libération palestinienne, l’Église d’appartenance est un paramètre moins important que l’itinéraire personnel. En effet, le mouvement s’est surtout développé via une dynamique relationnelle dans les milieux intellectuels et académiques : c’est par contact avec une personne engagée qu’un individu découvre le mouvement, puis s’y intéresse. Or si la Palestine est riche de sa tradition théologique, la Jordanie n’a à ce jour qu’un intérêt assez limité pour les études en théologie.

Les rencontres et conférences organisées sporadiquement au gré des années sont présentées comme des témoignages plus que des invitations à joindre le mouvement. Pour les quelques connaisseurs du mouvement rencontrés à Amman, si la Jordanie ne dispose pas, comme de nombreux pays – certes essentiellement occidentaux – d’une association des sympathisants du mouvement, c’est qu’elle est « trop proche de la Palestine » et qu’elle ne rentre pas dans le champ d’action de ses efforts. Dans le même sens, son histoire partagée, dont pour certains le souvenir encore vif de l’épisode sanglant de septembre noir (1970), fait qu’il n’est pas anodin d’accueillir un mouvement qui évoque la libération, quand bien même ce terme est à comprendre dans son sens théologique. Ainsi, un prêtre grec orthodoxe d’une grande paroisse d’Amman a bondi à mon évocation de la théologie de la libération : « Nous ne soutenons pas le Hamas ! ». De nombreux autres paramètres évoqués par mes enquêtés viennent participer au constat d’un terrain peu favorable à l’émergence d’une minorité militante parmi les chrétiens : autorégulation et surveillance des discours publics, impératif de loyauté au royaume, préoccupation majeure envers l’islam radical, vie quotidienne détachée de la cause palestinienne, voire posture défaitiste vis-à-vis de celle-ci.

Un intérêt discret mais grandissant

Un évènement survenu au sein de l’Église catholique en Jordanie paraît néanmoins significatif d’un certain accueil du militantisme chrétien pro-palestinien. Mgr Jamal Khader, originaire du nord de la Cisjordanie, a été nommé vicaire patriarcal pour la Jordanie en août 2021. Ses prises de position et sa participation au mouvement de la théologie de la libération palestinienne étaient connues du Vatican. Certains prêtres catholiques considèrent qu’il était le successeur annoncé de Mgr Michel Sabbah, non spécifiquement comme patriarche mais comme leader catholique défenseur de la cause palestinienne. Après un exercice plutôt court, la curie romaine a envoyé Mgr Khader comme évêque à Djibouti en janvier 2024, quelques mois après le 7-Octobre. Une grande partie de l’opinion publique chrétienne s’est offusquée de ce qui a été perçu comme un envoi en exil par précaution en période de crise. Une pétition a circulé pour demander révision de la décision à Rome, signée par plus de mille personnes, des Jordaniens et des Palestiniens. La décision du Vatican n’a pas été commentée ni par sa voix officielle ni par le clergé, mais elle permet de poser l’hypothèse d’une crainte que la théologie de la libération palestinienne puisse semer quelque trouble parmi les chrétiens jordaniens, voire pour la stabilité de l’État jordanien. De l’autre côté, le soutien discret exprimé envers Mgr Khader, peu relayé par les médias, dévoile la nécessité d’un leader religieux courageux et érudit, à même de pointer les injustices et les complicités.

Le journaliste Daoud Kuttab, originaire de Bethléem, a fondé en 2022 à Amman le site internet Milh-il Ard (Le sel de la terre) qui publie régulièrement (en arabe et en anglais) des informations et des réflexions sur les voix chrétiennes régionales qui condamnent l’occupation israélienne. Le média participe à l’idée de la continuité entre les communautés chrétiennes de part et d’autre du Jourdain. Il permet aussi la diffusion en Jordanie d’une sélection d’actualités concernant les acteurs du mouvement. Celles-ci restent cependant très axées sur les faits politiques et très peu sur la dimension théologique, Kuttab n’étant pas lui-même convaincu par l’efficacité du dialogue inter-religieux dans le contexte israélo-palestinien. Ainsi, lors de notre échange sur la théologie de la libération palestinienne, celui-ci déclare : « Ils [les Jordaniens] ne la connaissent pas vraiment. Ils la sentent mais ne mettent pas de mots dessus » (entretien avec D. Kuttab, Amman, mars 2025). En effet, les événements, discours, documents, et autres conférences, participant de ce que j’observe comme un mouvement ne sont souvent pas perçus comme tels par mes enquêtés. Le jeune média Milh-il-ard n’apporte pas non plus de perspective d’ensemble, mais contribue certainement à la diffusion d’un militantisme chrétien palestinien.

Une préoccupation majeure qui semble être partagée par toute l’élite jordanienne chrétienne est l’accélération de l’émigration des chrétiens. C’est en mobilisant ce thème rassembleur qu’un groupe de militants chrétiens a créé en 2023 l‘initiative Orouba (en arabe, « arabité »), sous-titré par les mots « Arab Christian Action ». Impulsé par des intellectuels de la communauté grecque orthodoxe, dont il a été largement étudié que les laïcs sont plus engagés que le clergé (voire parfois en conflit avec lui), le groupe s’est créé dès le début de la guerre d’extermination contre Gaza. Selon sa déclaration initiale, l’objectif d’Orouba est double : d’une part, réaffirmer les bases historiques de l’existence des Arabes chrétiens en Terre Sainte et d’autre part, contrer « le mythe du sionisme chrétien venu d’Occident ». Adossé à l’Orthodox Educational Society, le groupe organise des conférences publiques. Parmi ses orateurs invités, relevons Munther Isaac, un pasteur palestinien militant très visible sur les réseaux sociaux ; Frank Chikane, un pasteur sud-africain co-auteur du document Kairos-South Africa qui a inspiré Kairos-Palestine et dernièrement, en octobre 2025, le pasteur Mitri Raheb qui a présenté les documents-clés du mouvement lors d’un colloque à Amman. Les réactions chrétiennes envers l’initiative d’Orouba divergent. Certains craignent que cela n’attire l’attention sur le phénomène du sionisme chrétien et ne diffuse l’idée auprès des musulmans que les chrétiens en général sont favorables au sionisme. D’autres pensent justement qu’il est nécessaire d’affirmer une distance radicale entre le christianisme arabe et le sionisme chrétien. Orouba cherche sa marge de manœuvre pour ne pas paraître trop contestataire, que ce soit envers la hiérarchie ecclésiale ou le pouvoir royal. Il est ainsi passé d’une communication engagée pour Gaza, condamnant par exemple la rencontre entre les chefs d’Église de Jérusalem et le président israélien Herzog, à une communication axée sur la réflexion théologique. Bien que ce ne soit pas son unique vocation, Orouba constitue une porte d’entrée pour entendre et réfléchir à la théologie de la libération palestinienne en Jordanie.

Les évangéliques tiraillés

Les Églises évangéliques sont très minoritaires au sein du christianisme levantin. En Jordanie,  leurs fidèles sont estimés à dix mille, regroupés en 70 congrégations. Les pasteurs sont majoritairement arabes mais les équipes missionnaires sont souvent composées de volontaires étrangers, souvent américains ou coréens. Le pasteur Nour est né à Jéricho et a grandi dans le nord de la Jordanie. Il dirige depuis trente ans une petite congrégation de l’Église de l’Alliance dans la ville de Mafraq, proche de la frontière syrienne. J’ai tenu à le rencontrer car il est le seul Jordanien à avoir signé en août 2024 un appel conjoint de pasteurs évangéliques du Moyen-Orient. Ce document cherche à contrer l’opinion répandue selon laquelle les Églises évangéliques de manière générale soutiennent le sionisme chrétien. Il est signé par un certain nombre de personnalités impliquées ou en marge du mouvement étudié, au rang desquelles les pasteurs Munther Isaac et Jack Sara (Bethléem), ou encore le théologien Yohanna Katanacho (Nazareth). L’appel a fait couler peu d’encre au Moyen-Orient mais a été l’objet d’une violente controverse aux États-Unis, lancée par un prédicateur connu sous le nom de « Frère Rachid ». Ce personnage influent, Marocain converti au christianisme, produit de nombreux contenus apologétiques chrétiens particulièrement tournés vers une critique de l’islam. Selon le révérend Nour, de nombreux pasteurs au Moyen-Orient suivent ses discours, et ce serait donc sa critique de l’appel, couplée à la crainte de perdre des financeurs extérieurs, qui a fait renoncer d’autres potentiels pasteurs de la région à soutenir l’initiative. Le pasteur Nour a pris ce risque en signant le document et en affichant son rejet du sionisme chrétien sur ses réseaux sociaux personnels. Sa congrégation a effectivement perdu une part de ses ressources.

Je me suis entretenu avec un autre pasteur évangélique jordanien qui a préféré rester anonyme, craintif que sa perspective sioniste pourrait lui apporter des difficultés en Jordanie. C’est probablement la raison pour laquelle il ne s’est pas reconnu comme sioniste chrétien mais a préféré décrire sa théologie comme « dispensationaliste ». Ce terme technique décrit une interprétation particulière de la Bible chrétienne qui reconnaît la pérennité d’un plan divin pour les Juifs, leur rôle continu dans l’histoire du salut et la nécessité de leur retour en Terre promise. Alors que cette doctrine eschatologique constitue de fait un courant important du sionisme chrétien, le pasteur n’y voit pas une accointance avec la politique israélienne et condamne en réponse un certain rapprochement entre musulmans et chrétiens arabes, qu’il désigne comme « islamistes chrétiens ». Plusieurs témoignages concordants, auxquels s’ajoute le fait que ce théologien formé aux États-Unis est aussi impliqué dans la formation des pasteurs en Jordanie, me permettent d’émettre l’hypothèse d’une circulation des concepts idéologiques (« l’ennemi, c’est l’islam ») et religieux (« Israël est nécessaire au salut ») favorisant une posture sympathisante ou silencieuse envers la politique israélienne.

Un tel silence des pasteurs, une fidèle palestinienne vivant à Amman ne l’a pas supporté. Quelques mois après le début de la dernière guerre contre Gaza, Ghania a cessé de fréquenter la congrégation baptiste dont elle avait l’habitude, pour se diriger vers la petite congrégation luthérienne, dont les discours et prières font une véritable place aux souffrances des Palestiniens. Un tel exemple de mobilité interdénominationelle témoigne du fait que le contexte actuel du génocide favorise une exigence particulière des fidèles, potentiellement propice à une découverte de la théologie de la libération palestinienne.

Vers une théologie contextuelle jordanienne ?

Pour les rares sympathisants jordaniens de ce mouvement, un enjeu est d’inviter d’autres fidèles à prendre conscience de l’impact d’une théologie particulière, par exemple via l’expérience œcuménique. C’est le cas du révérend Georges, prêtre de l’Église épiscopalienne à Amman. Celui-ci est le seul participant jordanien à l’élaboration d’un document théologique de portée régionale intitulé Nous choisissons la vie et publié en 2021 à Beyrouth. Composé par une équipe de onze théologiens dont le palestinien Mitri Raheb, le document, qui est dans son ensemble un appel au développement des théologies contextuelles au Moyen-Orient, formule notamment sa propre condamnation du sionisme chrétien. Les initiatives visant à diffuser le document se déroulent sous forme d’ateliers dans chacun des pays des membres signataires. Ces ateliers, dont deux se sont déjà déroulés à Amman encadrés entre autres par le révérend Georges, constituent ainsi une autre porte d’entrée pour une réflexion théologique décoloniale en Jordanie.

Cette étude a fonctionné comme un repérage sur un terrain peu étudié. Elle a révélé les limites au déploiement de la théologie de la libération palestinienne en Jordanie, dont les principales sont contenues dans ce que l’on peut nommer la « sensibilité » du sujet de la question palestinienne dans un pays à peine stabilisé dans sa construction identitaire. Elle a aussi révélé une tension au sein de la sphère chrétienne, nourrie par les préjugés et les pressions extérieures subis par les évangéliques, ainsi que par la probable circulation discrète d’une idéologie favorable au sionisme. C’est cette tension qui, exacerbée par le génocide israélien toujours en cours à Gaza, pointe la nécessité de réagir pour éviter la division et affirmer l’ancrage local des communautés chrétiennes. Les initiatives du groupe jordanien Orouba et du groupe régional créé autour du document Nous choisissons la vie témoignent d’une vivacité nouvelle au sein du christianisme levantin, empreinte de militantisme anticolonial. Cette dynamique pourrait avoir le potentiel de décloisonner la théologie de la libération palestinienne du contexte d’oppression qui l’a vue naître, en formulant des théologies contextuelles locales, solidaires d’une dénonciation des injustices commises au nom de la Bible.

Tags: ChristianismeJordaniePalestineReligionSociété civileSociété jordanienneThéologie

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