Sionisme
Construit à partir du terme Sion, nom d’une des collines de Jérusalem. Le sionisme désigne un mouvement nationaliste qui vise à libérer les populations juives de l’antisémitisme en les rassemblant dans un État-nation juif en Palestine, ce qui est chose faite depuis le 14 mai 1948 et la création de l’État d’Israël.
Le congrès fondateur de l’Organisation sioniste mondiale, en 1897 à Bâle, ne créé pas le sionisme mais l’institutionnalise : tout au long du XIXe siècle, sous la pression de l’antisémitisme européen et des pogroms, de nombreux actes et publications, réunions et projets, se sont succédés pour appeler les juifs d’Europe de l’Est à émigrer, notamment vers la Palestine, terre des Hébreux dans la tradition biblique.
Le sionisme repose sur trois postulats. Premièrement, l’intégration des juifs est impossible dans les différentes sociétés où ils vivent. Les juifs seraient pris en étau entre, d’une part, des courants appelant à leur destruction physique et, d’autre part, une volonté, dans leurs rangs, de s’intégrer pleinement aux sociétés européennes par l’assimilation en se détachant de la religion, voire de toute appartenance communautaire. Or, cette dernière perspective n’empêche pas l’antisémitisme de se diffuser et de menacer la sécurité des juifs, à l’instar de la campagne antisémite à l’encontre du capitaine Dreyfus en France, à laquelle le fondateur du mouvement sioniste Theodor Herzl, un journaliste austro-hongrois juif et fervent partisan de l’assimilationnisme, a assisté. Il exprime son évolution intellectuelle dans L’État des Juifs, publié en 1896.
Deuxièmement, l’existence d’un « peuple juif » par le lien originel des juifs à la « Terre sainte ». Pensé dans un contexte de montée des nationalismes, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le sionisme s’appuie sur cette conviction dans l’existence d’un « peuple juif » pour revendiquer le droit à l’État-nation. Ces différents principes ont été réfutés par les travaux de l’historien israélien Shlomo Sand.
Troisièmement, le « peuple juif » a des droits historiques et exclusifs sur la Palestine. Tout en étant un mouvement politique, le sionisme s’appuie sur l’idée messianique d’un retour du « peuple juif sur la Terre Promise ». Pensé dans le contexte colonial européen des XIXe et XXe siècles, le sionisme s’imprègne de conceptions orientalistes et s’accorde aisément avec l’idée d’une infériorité des populations de Palestine, réfutant leur droit à prétendre à un statut de propriétaire.
Le mouvement sioniste n’est pas monolithique et comprend plusieurs tendances. Le sionisme général, ou centriste et bourgeois, incarné par Herzl, lie la création de l’État juif à un accord diplomatique avec une puissance européenne. Les révisionnistes, représentés par la pensée de Zeev Jabotinsky, soutiennent la conquête de la Palestine par la force, en usant de la violence à la fois contre les Arabes et le mandataire britannique. Certains intellectuels, à l’instar de Martin Buber ou Gershom Sholem, réfutent l’idée d’un État juif au profit d’une perception du sionisme comme un un foyer culturel juif au sein d’un État binational. Enfin, les sionistes travaillistes, ou « gauche sioniste », plaident pour faire reposer le mouvement sur la constitution en Palestine d’une classe ouvrière et paysanne juive capable de contrôler le territoire, tout en se montrant accommodant avec la puissance mandataire. Les rapports de force dans l’Entre-deux-guerres permettent à ces derniers de s’imposer à la tête de l’Agence juive, l’organisation pré-étatique juive en Palestine.
Largement minoritaire au sein des populations juives mondiales comme européennes pendant toute la première moitié du XXe siècle, le sionisme s’impose comme une solution au lendemain de la Seconde guerre mondiale, à la faveur du ralliement des rescapés du génocide et des vainqueurs du nazisme.
À partir des années 1970, et notamment au lendemain de la guerre de Kippour de 1973, la société juive israélienne se confronte à une crise idéologique majeure autour de l’idéal sioniste. Que veut encore dire être sioniste dès lors que l’État existe et qu’aucune force ne soit en capacité de le faire disparaitre ? De cette réflexion découle deux courants politiques, diamétralement opposés.
Le post-sionisme estime que le sionisme est dépassé, qu’Israël doit se confronter à ses propres mythes historiques, et inventer un nouveau narratif pour prendre le chemin d’une société véritablement démocratique, égalitaire et tournée vers ses voisins.
Le néo-sionisme reprend les thèses du sionisme révisionniste en affirmant l’exclusivité des droits des Juifs sur la terre de Palestine, pour pointer les Territoires occupés palestiniens comme des espaces où le sionisme resterait à imposer. Par ailleurs, ce courant forge une alliance déterminante pour l’avenir politique d’Israël, entre la droite nationaliste, soutenue par les populations juives orientales, les courants juifs messianiques et la majeure partie des religieux ultra-orthodoxes.
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