Checkpoints

Par Ryan Tfaily, diplômé de Sciences Po Paris et de l’EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales), master Études Politiques.

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Le lexique de Yaani

Les checkpoints sont des points de contrôle et de passage mis en place par l’État israélien, dans les territoires palestiniens occupés. Ils font partie des dispositifs constitutifs du régime d’apartheid imposé à l’encontre des Palestiniens, permettant aux autorités israéliennes de contrôler et gérer la circulation des populations occupées, selon des frontières de plus en plus multiples et individualisées. 

Le réseau de checkpoints qui morcelle le territoire palestinien occupé s’est considérablement développé à partir des années 1990. Il existe une variété de points de contrôle. Les checkpoints frontaliers sont situés le long de la ligne verte. Ils séparent l’État israélien des Territoires occupés, avec d’autres dispositifs comme la barrière d’acier qui encercle Gaza et le Mur dit de « séparation » construit à partir de 2003 et visant à garder le plus possible de territoire côté israélien. C’est le cas, par exemple, des checkpoints d’Erez et de Kerem Shalom, deux points de passe très contrôlés le long de la bande de Gaza, ouverts et fermés à la guise des autorités israéliennes. Les Palestiniens empruntent ces points de passage lorsque certains d’entre eux se rendent en Israël pour travailler, une mobilité qui s’est estompée, dans le cas de Gaza, depuis le 7 octobre 2023. En 2006, les checkpoints frontaliers ont été confiés à des sociétés privées qui les ont équipés de nouvelles plateformes technologiques, actant une externalisation de la gestion des mobilités palestiniennes.

La majorité des checkpoints est toutefois située à l’intérieur même de la Cisjordanie, morcelant complètement le territoire, et entravant la libre circulation des Palestiniens. Depuis 2023, on a observé également des constructions de checkpoints à l’intérieur de Gaza, notamment le long du corridor Netzarim qui sépare l’enclave en deux, occupé par l’armée israélienne pendant la guerre. 

Les checkpoints peuvent être fixes (installés définitivement) ou volants (installés par les autorités israéliennes, de manière temporaire, ouverts et fermés selon une gestion de court-terme). Ils prennent en eux-mêmes des formes variées : barrages routiers, monticules de terre, ou infrastructures avec du personnel permanent. En février 2025, on compte environ 900 checkpoints en Cisjordanie, 200 d’entre eux ayant été ajoutés après le 7 octobre 2023. 

Ce quadrillage de l’espace entraîne des conséquences très concrètes dans la vie quotidienne des Palestiniens. Outre la restriction de la liberté de circulation sur leur territoire, les checkpoints sont les lieux de nombreux abus, d’humiliations, de fouilles intrusives, d’arrestations, de violences ou tout simplement d’attentes interminables. La multiplication des checkpoints en Cisjordanie crée des embouteillages importants, qui finissent par empêcher la maîtrise même de leur temps par les Palestiniens. En filtrant les passages des populations occupées, Israël s’assure aussi d’exercer une emprise coercitive sur l’économie et la société palestinienne.