Autorité palestinienne

Par Ryan Tfaily, diplômé de Sciences Po Paris et de l’EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales), master Études Politiques.

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L’Autorité palestinienne (AP) est le nom donné à l’entité administrative censée gérer les affaires civiles des Palestiniens de Cisjordanie occupée, dans les zones A et B, la zone C étant entièrement sous contrôle israélien. Cette administration naît des Accords d’Oslo, en 1994, entre l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et l’État d’Israël. À l’origine, il devait s’agir d’un gouvernement provisoire, dont le mandat était défini pour cinq ans, jusqu’à ce que les deux parties finalisent les négociations. Toutefois, aucun État palestinien pleinement souverain et indépendant n’a vu le jour, et l’AP est devenue une administration pérenne. Son premier président est Yasser Arafat en 1994, alors dirigeant du Fatah et de l’OLP. 

Depuis 2006 et la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes, le territoire gazaoui sous blocus est administré de manière autonome par le Hamas, tandis que le Fatah domine l’AP en Cisjordanie.

Reconnue internationalement comme représentante de l’État de Palestine depuis 2013, l’AP est pourtant un gouvernement sans souveraineté. Si elle dispose d’un corps de fonctionnaires et d’une police civile, elle ne se substitue pas à l’administration militaire israélienne du territoire palestinien illégalement occupé. L’AP ne dispose d’aucun pouvoir en mesure de contrecarrer les ambitions coloniales et annexionnistes d’Israël sur ce territoire. Par ailleurs, depuis le début de l’occupation en 1967, Israël contrôle l’économie palestinienne.

Puissance occupante, Israël utilise l’Autorité palestinienne comme un sous-traitant à moindre coût de l’occupation. L’AP permet à Israël de ne pas assurer ses responsabilités civiles envers la population palestinienne qui est pourtant sous son contrôle, tout en l’aidant dans la gestion dite « sécuritaire » du territoire. La coopération sécuritaire entre l’AP et Israël, extrêmement décriée par la population palestinienne, se traduit concrètement par une collaboration avec l’occupant dans la répression des groupes armés, la surveillance autoritaire de la population, voire une aide dans les opérations militaires contre le territoire.

Démonétisée et réduite à cette fonction de coopération sécuritaire, l’AP souffre également d’un important déficit démocratique. Membre du Fatah, Mahmoud Abbas est élu à la tête de l’administration en 2005. Son mandat a été sans cesse renouvelé depuis, les élections démocratiques étant constamment repoussées. Âgé de 89 ans, il est un président largement illégitime et impopulaire, principalement car les modalités de lutte qu’il envisage, en particulier le recours à la communauté internationale et aux moyens légaux, peinent à se traduire en résultats concrets sur le terrain, où la colonisation, la violence des colons et de l’armée s’intensifient. La population palestinienne reproche également à l’AP sa corruption endémique et son népotisme, qui se manifestent par des emplois fictifs ou une utilisation des fonds dont elle est dotée pour favoriser une élite uniquement.

Ses financements reposent sur l’aide internationale, celle de l’Union européenne, des Nations Unies, des pays arabes comme l’Arabie Saoudite, et des États-Unis, même si Donald Trump, lors de son premier mandat, a coupé les financements américains, avant qu’ils ne soient partiellement rétablis par Joe Biden. Toutefois, Israël exerce depuis longtemps une emprise financière sur l’AP, grâce à des mécanismes de chantage financier. En effet, c’est le Ministère israélien des finances qui collecte les impôts des Palestiniens puis effectue des transferts mensuels à l’AP. Depuis le début de la guerre génocidaire contre Gaza en octobre 2023, Israël a gelé ces transferts, conduisant l’AP au bord de la banqueroute, alors que l’économie palestinienne est déjà en proie à une explosion du chômage et de la pauvreté.